LA BVD et les petits camélidés
 
Bonjour,
 
Nous vous proposons ci-après un texte écrit par Bernard Giudicelli en Février 2009, concernant une maladie appelée "BVD".
 
Malgré ses conseils de vigilance et ses suggestions de prévention, cette maladie s'est à l'heure actuelle déclarée chez un propriétaire de petits camélidés...
 
Nous travaillons sur un nouveau texte que nous mettrons en ligne dès que possible. En attendant, voici celui écrit en 2009, avec une petite mise à jour.
 






LA BVD, VOUS CONNAISSEZ ?  (par Bernard Giudicelli)
 




La BVD (“Bovine Virus Diarrhoea Disease”) est une maladie bien connue des éleveurs bovins pour les graves conséquences qu’elle entraîne sur leurs troupeaux. C’est une maladie à virus “pestivirus”, avec existence de deux génotypes (BVD 1 & BVD 2). On connaît plusieurs souches par type, ainsi que deux biotypes différents, l’un cytopathogène et l’autre non.
 
A / Les symptômes chez les bovins dépendent du moment où l’animal a été en contact avec le virus.
 
Sur un animal en contact pour la première fois, la maladie est généralement bénigne, avec parfois un peu de diarrhée. Une immunodépression apparaît cependant parfois, entraînant des symptômes plus graves pouvant aller jusqu’à la mort.
 
Mais la BVD est surtout une maladie de la reproduction, et si le bovin contaminé est en gestation, les effets du virus sur le foetus dépendent du stade de gestation au moment de la contamination:
 
1 - Contamination avant 45 jours : il y a mortalité embryonnaire et avortement.
 
2 - Contamination entre 45 et 125 jours de gestation : le système immunitaire du foetus est immature, ce dernier ne “reconnaît” pas le virus comme un ennemi et ne fabrique pas d’anticorps pour l’éliminer. S’il survit à l’infection, le petit qui naîtra sera porteur - et excréteur - à vie du virus. Il n’aura pas d’anticorps. On le nomme “IPI” (Infesté Persistant Immunotolerant) Les IPI peuvent vivre quelques années pendant lesquelles ils excrètent le virus et sont donc une source permanente de contamination : ils sont la principale source de contamination. La recherche suivie de l’élimination des IPI est la meilleure façon d’éradiquer la maladie.
 
3 - Contamination entre 125 et 180 jours de gestation : Il y a avortement ou tares congénitales.
 
4 - Contamination après 180 jours de gestation : le système immunitaire du foetus est mature, ce dernier fabrique des anticorps et élimine le virus. Il naît viable et protégé par ses anticorps.
 
Une variante : la maladie des muqueuses. Cette maladie est due à une surinfection d’un animal IPI par la variante cytopathogène du virus BVD. La mortalité est très rapide.
 


B / Les moyens de lutte chez les bovins : On cherchera en priorité à dépister puis éliminer les IPI (qui sont la principale source de contamination). Si ces IPI sont trop nombreux, la vaccination protégera les troupeaux le temps d’arriver à éliminer les IPI.
 
Les moyens de dépistage sont doubles.
 
1 - On peut rechercher le virus par PCR sur une prise de sang.
 
Un animal PCR négative est soit un animal “naïf” qui n’a jamais été en contact avec le virus, soit un animal contaminé, qui a fait des anticorps et a éliminé le virus.
 
Un animal PCR positive excrète le virus. Soit il vient de se contaminer et n’a pas encore eu le temps de fabriquer des anticorps pour éliminer le virus, soit c’est un IPI. Pour départager, on refait une PCR 3 semaines après, l’IPI est toujours positif, l’autre s’est négativé (car il a eu le temps de faire des anticorps).
 
2 - On peut rechercher le passage du virus en cherchant les anticorps produits dans le sérum. On parle de sérologie.
 
Un animal avec sérologie négative n’a pas d’anticorps. C’est soit un animal “naïf”, soit un animal juste contaminé qui n’a pas encore fabriqué ses anticorps, soit enfin un IPI.
 
Un animal avec sérologie positive est contaminé, il a des anticorps, il est protégé à vie.
 
La vaccination est possible (chez les bovins). Elle permet de faire fabriquer des anticorps mais n’élimine pas la circulation du virus.
 

LA BVD CHEZ LES PETITS CAMELIDES : MYTHE OU REALITE ?
 
A / Historique :
 
Avant 2004, on croyait les camélidés insensibles au pestivirus de la BVD.
En 2004, surprise ! on découvre des alpagas IPI aux USA...
En 2006, la BVD apparaît en Grande-Bretagne.
En 2008, un cas est reporté en Espagne sur des alpagas importés de Grande Bretagne.
En 2015 : un cas vient d'être dépisté en France.
 
Seuls pour le moment des alpagas ont été incriminés, jamais encore de lamas. Pour le moment, seul le virus BVD1 a été trouvé.
 
B / Que faire ?
 
L’incidence est encore très faible, envisager une vaccination est une hérésie sanitaire. La meilleure façon d’agir est de “chasser l’IPI”
 
Une action collective peut être envisagée. Seule une volonté “politique” des associations peut y parvenir. Plusieurs axes sont à étudier :
1 - un système d’échange des informations renseignerait sur les cas cliniques,
2 - des sondages sérologiques permettraient de connaître le pourcentage de troupeaux ayant des anticorps,
3 - une interdiction des IPI sur les shows éviterait à coup sûr une contamination rapide,
4 - une aide financière à la recherche des IPI pourrait s’envisager.
 
Des actions individuelles sont également possibles :
1 - On ne sait pas s’il y a de la BVD sur les alpagas en France*, par contre il y en a aux USA et en Grande-Bretagne. Beaucoup d’alpagas ont été récemment importés de ce dernier pays. Il ne FAUT pas faire venir d’IPI chez nous (on en a peut-être déjà malheureusement). Les éleveurs qui importent des alpagas de Grande-Bretagne et des USA ont donc une responsabilité et devraient exiger des animaux avec une PCR négative.
2 - Les éleveurs ont tout intérêt à avoir un statut “indemne de BVD” qui leur garantirait de ne pas vendre d’animaux IPI. Pour obtenir ce statut, on fait une sérologie sur toutes les femelles gestantes, s’il y a des positives, on prévoit des PCR sur tous les jeunes nés et à naître pour éliminer les IPI. En respectant un contrôle sévère des animaux introduits, en peu de temps le statut indemne est acquis.
 
C / Conclusion :
 
Je pense que la BVD est à prendre en considération, surtout chez les alpagas (pour l’instant). Autant une prophylaxie de la brucellose ou de la tuberculose me paraît inepte, autant envisager quelque chose vis-à-vis de la BVD me semble plus d’actualité. C’est aux éleveurs et à leurs associations à prendre les décisions, et aux importateurs à faire attention.
 
Bernard Giudicelli
Dr Vétérinaire
02/2009
 
* Printemps 2015 : un cas vient d'être dépisté en France.
 
NB. En ce qui concerne les tests sur petits camélidés pour la recherche de BVD, ne pas utiliser le test Elisa (dont les résultats ne sont pas fiables). Utiliser les tests PCR.
 
Association A.L.P.E.S
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